jeudi, mars 05, 2009

30/30

Première séance d'intervalles courts. J'ai dimensionné cette séance en utilisant le concept de puissance normalisée. Dans un premier temps, j'avais étudié à nouveau soigneusement le modèle graphique de Thibault qui propose des séances avec des répétitions de 30 secondes et 1 minute de récupération. Mais en calculant l'intensité d'effort IF précisément avec la formule exacte de la puissance normalisée (les intervalles de temps sont courts et approximer la puissance normalisée par NP~(((Teff*Peff^4 + Trec*Prec^4 / (Teff+Trec))^0.25) peut mener à des erreurs non négligeables), je me rends compte que parmi les séances de Thibault, annoncées comme de difficulté relativement identique, certaines (d'après une confrontation entre leur IF et leur durée) seraient en réalité plus faciles que d'autres, en particulier celles avec des temps d'efforts très courts à 30 secondes.

J'ai donc construit une première séance avec 3 séries de 10 minutes avec 30s@130% FTP durant l'effort et 30s@50% FTP durant le contre effort. A postériori (ce fut finalement plutôt 135% FTP en moyenne durant les périodes d'effort) cela donne IF=1.07 sur chaque série (~10mn) et IF=0.99 sur la durée totale (~40mn) des 3 séries entrecoupées de 5 minutes de récupération.

L'effort est différent (plus facile?) qu'un 5*5mn ou qu'un Gimenez même si l'intensité d'effort sur le corps de séance (~45mn) est du même ordre. Ce type de séance serait idéale en préparation d'une course de type critérium simulant des relances rapides et répétées. Là, l'objectif est d'aborder un développement de la PMA en empruntant un chemin différent de celui pris jusqu'à présent. 2 jours plus tard, rebelote en baissant légèrement l'intensité de la période d'effort afin d'effectuer une 4ème série pour accroître le corps de séance à 55 minutes. Car je ne suis pas sûr du tout du bénéfice supérieur de ce type de séance par rapport à des intervalles longs de 3 à 6 minutes, mais il me fallait essayer.

Les séances plus intenses effectuées en février ou mars, selon les années, permettent d'élever la partie droite de la courbe IF (intensité d'effort) en fonction de la durée, obtenue sur home trainer et tracé ci dessous en bleu. Un point haut de cette courbe est généralement donné par un test maximal (CP3 ou CP20). A partir de ce point, il est possible de faire passer le profil théorique (en noir) que l'on peut comparer à celui effectif, mesuré par le capteur de puissance. Lorsqu'il y'a une différence importante entre les 2 courbes à une certaine abscisse, c'est simplement que je n'ai pas encore effectué d'effort maximal sur cette durée:



La courbe théorique est tracée en utilisant le modèle de Monod-Scherrer pour des durées T de quelques minutes (la puissance est Pc+AWC/T) et celui de Peronnet-Thibault (la puissance au delà de quelques minutes est Cste-E*ln(T)). Ce dernier modèle est pour la course à pied mais peut également s'appliquer à d'autres sports aérobies selon Thibault. Je choisis, arbitrairement, T=20 minutes comme point de raccordement des deux modèles (les tangentes en ce point semblent continues, au moins graphiquement).

Signe, après de longues semaines de maintenance, que le corps est à nouveau poussé dans ses retranchements lors de cette séance, les veines saillent le long des avants bras. Au bout d'une heure, il me reste encore quelques minutes que je décide d'effectuer à L3 et relance à nouveau les jambes mais suprise, la puissance vient accrocher la zone au dessus (~95-100%FTP) avec une nette impression d'aisance. Le contraste avec les cinq minutes d'échauffement dans la même zone est saisissant.

5 commentaires:

Obelix a dit…

Salut Bugno,

Comme d’habitude je reste sans voix quand je vois ta faculté de modélisation de l’exercice aérobie et de l’utilisation de toutes ces données !…Cette réflexion est en plus très opportune à ce moment de la saison et je te suis très reconnaissant de nous faire partager ces conclusions…
Lorsque je vois tes 2 points correspondant à tes 2 séances de 30/30, il me semble qu’ils « collent » plus à la courbe théorique. Penses tu que cela est en partie dû aux phases de contre exercices qui sont réalisées un peu en dessous de ce qu’elles devraient lors de tes séances « longues » habituelles, ou bien est-ce la phase d’exercice qui pourrait être augmentée ?
Autre question en découlant : Est il nécessaire selon toi de s’approcher le plus possible de ces IF « théoriques » à chaque séance de L5 pour rentabiliser le plus possible ce type de séance ? (qu’elle soit du 30/30 ou du long)
En fait, crois tu qu’il est plus « aisé » donc de s’approcher de cette courbe idéale en faisant du court par rapport au long ?

bugno a dit…

Merci Obelix :-)

Lorsque je vois tes 2 points correspondant à tes 2 séances de 30/30, il me semble qu’ils « collent » plus à la courbe théorique. Penses tu que cela est en partie dû aux phases de contre exercices qui sont réalisées un peu en dessous de ce qu’elles devraient lors de tes séances « longues » habituelles, ou bien est-ce la phase d’exercice qui pourrait être augmentée ?
Je ne suis pas sûr de comprendre et apporte donc des précisions: la courbe IF bleue du graphe est obtenue avec toutes les séances HT de cette saison (depuis début nov) et ne comporte donc aucune séance L5 poussée. L'intensité maintenue durant le contre exercice de ces 30/30 (50%FTP) est plus élevée que lors des périodes de récupération mes 5*5mn de l'an passé où je tourne doucement les jambes à 30-40%FTP comme, ici, entre les séries de 30/30...

Autre question en découlant : Est il nécessaire selon toi de s’approcher le plus possible de ces IF « théoriques » à chaque séance de L5 pour rentabiliser le plus possible ce type de séance ? (qu’elle soit du 30/30 ou du long)
Oui, il faut que les intensités lors de chaque effort soient constantes et les plus élevées possibles de telle manière qu'il ne soit pas possible de faire une répétition supplémentaire. Donc proche du IF théorique maximal sur la durée total du corps de séance.

Pour répondre au mieux à ta dernière question, j'ai rajouté sur ce graphe les intensités relevées en mars 2008 au cours des 8 séances L5 avec intervalles longs (3 au 5mn). La réponse est claire: on frôle aussi le maximum théorique possible et pour le moment, les séances 30/30 semblent plus faciles (on multiplie le temps de récupération) et donc il serait plus facile d'obtenir un IF plus élevé avec... Mais est ce que le bénéfice sera plus grand en terme de développement de la PMA? :-0

Obelix a dit…

OK, je croyais que la courbe bleue représentait tes séances de L5. Comme ça c'est mieux!
la question que tu soulèves à la fin est effectivement la plus intéressante; il me semble que chaque athlète réagit différemment selon son historique, son niveau d'entrainement, sa génétique et sa motivation. C'est la raison pour laquelle il est si difficile de randomiser une population de cyclistes et d'observer les effets d'une méthode d'entrainement.
C'est à mon avis à chacun de se faire son idée.

Obelix a dit…

Je reviens sur ce post car je me pose une question dont je ne trouve que des réponses inutilisables sur les forums US. Tu devrais facilement y répondre!
voila, je fais des micro intervalles de 30/30, calibrés à 360/250 (3 fois 10mn).
J'aimerais savoir si je travaille plutot une filière type L6 de par les exercices à 360w (en gros ma PMA), ou si je travaille en L4 (NP de chaque intervalle: environ 295w, soit pres de ma FTP), comme le disent certains sur le forum (Uhl par exemple, avec ses posts sur les Bart intervalles).
Qu'en penses tu?

bugno a dit…

Obelix, je ne sais pas très bien exactement ce que permet de travailler ce type de séance, je vais y réfléchir et chercher un peu...