mercredi, novembre 11, 2009

L'adversaire

Il est toujours là. Nos routes se coupent quelque part dans la solitude de la Chartreuse ou en quelque lacet de Belledonne lors d'entrainements furtifs éclairés par la lumière déliquescente d'une fin de journée. Lui me connait à peine, en tout cas lorsque nous nous croisons, il ne me remarque pas. Parfois, je le devine derrière, me suivant comme une ombre ou au contraire accélèrant et me dépassant, sans un mot. S'il connait peu de choses sur moi, en l'observant avec attention, je sais désormais presque tout de lui. Ses forces, ses faiblesses, ses temps d'entrainement. Au fil du temps, une relation ambigüe s'est ainsi nouée, teintée d'une sourde rivalité. Et lorsqu'il subit la fatigue ou l'échec, il m'arrive de ressentir une joie mauvaise, empreinte de retenue toutefois, car chaque jour qui passe me rapproche potentiellement du même désagrément qui force à l'humilité. Mais en parallèle, j'admire ses périodes de motivation, la ferme volonté de certains de ses entrainements, que je n'ai parfois pas ou plus le courage de réaliser. Jusqu'à présent, il était le moins fort, mais progresse d'année en année, réduisant peu à peu l'écart qui nous sépare. Il est devenu mon adversaire préféré et chaque occasion de pouvoir le battre, lui plus qu'un autre, me procure un plaisir particulier, mettant à nu l'un des ressorts les plus intimes de mon attrait pour le vélo.
Le lecteur l'aura peut être deviné, cet adversaire est une vue de l'esprit, rien d'autre que l'auteur de ses lignes, plus jeune d'un an. Ces derniers mois, j'ai longtemps pensé qu'il me dépasserait pour la première fois, mais des signes, des indices, glanés ici ou là tout au long de la saison, au détour d'une sensation ou d'un relevé chronométrique, révèlent que ce n'est pas encore le cas. Par simple respect envers cet adversaire, mon adversaire, mais aussi par le seul goût du dépassement, je roule en permanence avec le secret espoir que cette échéance soit la plus lointaine possible... Tout en sachant, qu'un jour, il deviendra le plus fort. Définitivement.

Ses meilleurs temps sur quelques montées
Les miens

dimanche, novembre 01, 2009

Puissances dans le col du Coq

Dernière montée du col du Coq cette année, effectuée à un rythme assez soutenu, j'essaie de comprendre pourquoi mes puissances développées moyennes sont 4 à 5% inférieures à celles que je suis capable de produire sur une durée de 50-55 minutes. Au regard des deux dernières saisons (où ma FTP a pu s'établir le plus souvent dans une fourchette de 305 à 315W), je n'ai jamais réussi à dépasser la valeur de 295 dans le col du Coq (avec au mieux 292W et 291W par deux fois) alors que sur le col de Porte pourtant moins pentu, la barre des 300 fut franchie lors de trois reprises à l'entrainement (308W, 306W, 304W). Quel est donc ce petit mystère... Est ce le fait que contrairement à son voisin au dessus de Grenoble, le col du Coq n'a pas de vrai replat qui permette de récupérer? Ou bien est ce dû à la localisation des parties les plus difficiles qui sont au début et à la fin, périodes déterminantes dans la réalisation d'un effort bien géré? Je soupçonne aussi une pente qui, bien que toujours soutenue, varierait insensiblement ce qui ne permettrait pas complètement de rouler à une intensité constante et ainsi trouver son rythme... Ou tout simplement que mes jambes ne le connaissent finalement pas aussi bien que nécessaire, alors qu'adolescent je le grimpai une dizaine de fois par an.