La pluie, la course, et le Granier
Je ne déteste pas lorsque les éléments du ciel se liguent soudainement contre soi au cours d'une sortie à vélo. L'effort en montagne, de exigeant devient dantesque, et l'on se surprend toujours, l'organisme rendu fanatique par la disparition de la douleur, dissoute par la pluie et le froid. Nous avons été balayé, un jour, par la grêle dans le col de Porte. La roue arrière patinait, en levant les fesses de la selle, sur ce tapis de billes blanches qui s'amoncelait peu à peu, et je me rappelle d'une ascension hors norme, les muscles fouettés par les trajectoires tendues des particules glacées. Cela restera un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse sur bicyclette. Mais, je n'ai et n'aurai certainement jamais la volonté de partir sous la pluie. Même pour une course.
Ce devait être ma deuxième cyclosportive de ce début de printemps. La chaussée est mouillée mais il ne pleut pas lorsque je retire dossard et plaque, les gouttes commencent à tomber en sortant de la salle. Demi tour, et je rends le tout, en m'excusant, au bénévole médusé. La météo étudiée attentivement la veille, permet de mettre au point un plan B (et un plan C sur home trainer dans le pire des cas). Le pictogramme sur les massifs de Chartreuse et des Bauges est étonnamment optimiste, encerclé par les averses, pluies éparses, orages localisés.
Au pied du Granier s'ébauche l'idée de grimper et redescendre tous ses versants, sous un ciel gris virant au noir ou s'éclaircissant au fil des heures, rebroussant chemin à la moindre goutte. La montée depuis Chambéry, bien qu'écourtée, est rapide (46mn@94%), comparativement aux autres années, où j'aborde ce versant avec plusieurs cols dans les jambes. Au sommet, descente vers St Pierre d'Entremont, mais une petite pluie me fait faire demi-tour après Entremont le Vieux. 2ème passage au sommet (20mn@90%) puis descente-remontée par St-Bandoph avec de longues séances en danseuse dans les portions les plus raides (43mn@92%). Enfin, Chapareillan par le dernier versant (41mn30@99%). Et enfin pour compléter les 5 heures, l'ajout d'une portion du col de Plainpalais (22mn@97%). Voilà, j'avais vraiment besoin de ces 300 points de TSS avant une semaine qui sera contrariée par la pluie. Je les ai pris. Au sec.
4 commentaires:
ben moi pas! de 9h à 15h à un carrefour, trempé de haut en bas et dans l'épaisseur! Cela n'a pas arrété de la journée...;-( Heureusement que nous étions 3 pour nous soutenir, et que les cyclos étaient sympas...
Bref, l'experience de signaleur pour les 1000 Bosses, c'est bon pour cette année...
J'éspère que l'an prochain sera plus gai car avec 460 finisseurs, ça ne peut pas etre pire!
Bravo pour ta meteo perso, au moins un qui a roulé au sec hier!
a bientôt!
Jerome
Salut Jérome :-)
Longue journée pour toi dis donc! Au moins pas de regret de ne pas avoir participé... A bientôt sur des routes ensoleillées.
Salut Bugno,
Le Granier, c'est un peu loin de chez moi, mais c'est un bon souvenir!
T'as de la chance d'être passé au travers des gouttes!
Je vois que par Chapareillan, tu as grimpé le Granier à "99%".
Je m'excuse de te poser cette question, car la réponse est sans doute quelque part sur ton blog, mais j'avoue n'avoir pas tout lu: est-ce une bonne chose de grimper fréquemment de "longs" cols à fond en première partie de saison?
De peur de trop fatigué mon organisme (notamment en lysant mes érythrocytes), j'hésite à me livrer à ce genre d'exercice et, ayant pour objectif de devenir le meilleur grimpeur possible sur des montées sèches, je préfére réaliser de petites séances à fond de 5 à 10 minutes, ai-je tort ou raison?
Je m'excuse de poser une question un peu trop triviale. En cherchant sur le net, je pourrais sans doute trouver ma réponse, mais je profite de pouvoir écrire à un expert.
Bonjour Matthieu, ta question est au contraire intéressante car suscite le débat.
Pour relativiser l'intensité d'effort de 99% dans le Granier, il faut savoir que: a) Je sous estime peut-être en ce moment ma FTP (je reviendrai dans un prochain billet sur ce point)
b) Le col du Granier par Chapareillan est une alternance de parties très pentues sur plusieurs minutes et de replats où l'on peut récupérer
Ce chiffre de IF=99% sur 43 minutes est donc un peu trompeur. Si l'on utilise la règle du 5%-6% à chaque doublement de la durée, un IF de 101-102% est possible sur cette durée... Donc je n'étais pas à fond. Et 2-3% en dessous du maximum sur 1 heure (FTP) est une allure typique de la zone de travail L4 (90-105%) que l'on travaille généralement sur des séances 2*20mn mais aussi 2*30mn ou 1*60mn. Mais ta remarque sur l'utilité de tels efforts en début de saison est pertinente. L'an passé, je me suis interdit des montées à fond sur 1h jusqu'à l'été. Il me semblait que cela fatiguait inutilement l'organisme. Et préférais des enchaînements de montées de 5 à 25 minutes. A intensités élevées, quasi maximales. J'ai un peu changé d'avis depuis et n'hésiterais pas à faire du 95-100% FTP sur des montées de 50mn-1h, une fois que le travail précédent sur 2*20, 2*30, ou 4*15mn aura été fait. Ce n'est pas cela qui va provoquer un pic de forme, si l'on surveille ses charges de travail. Ce qu'il faut éviter c'est une montée d'un col long où l'intensité baisse au cours du temps (on a démarré trop fort par rapport à ses moyens du moment). Mieux vaut sur un col d'une heure, commencer à 95% et finir mieux que démarrer à 100% et finir à 90%. C'est du vécu :-) Même en régulant parfaitement l'allure avec un capteur de puissance, je suis surpris de la différence de sensations entre une montée à 95% et une montée à 100% de la FTP sur une montée d'une heure.
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